vendredi 15 janvier 2021

O_o Titine vient d'avoir ses 229 229 kilomètre au compteur ! \o/

Je vis en Bretagne.

Enfin, en Bretagne...

La Loire Atlantique n'est pas rattachée à la Bretagne.

Pas administrativement.

Historiquement, si ; Nantes était le siège du Duché de Bretagne, alors ça fait des décennies que les Bretons se battent pour revoir la Loire-Atlantique rattachée à la Bretagne. Après il faut quand même savoir que par chez nous, on ne parle pas Breton, mais Gallo.

De fait, même historiquement parlant, la Loire-Atlantique a toujours fait partie d'une large bande de terre qu'on surnommait autrefois les Marches de Bretagne : on n'y était ni franchement Breton, ni Franc bretonnant.

Je vis ici parce que j'ai obtenu un logement locatif social dans un bled relativement éloigné de tout, plus proche de Redon en Ille-et-Vilaine que de Saint Nazaire, sous préfecture à laquelle le bourg où je vis est administrativement rattaché.

C'est devenu super galère d'y vivre, surtout à partir du moment où ma voiture s'est vue refuser son contrôle technique, alors que, petite super cinq rouge à la peinture rosie sous le harnais, entendez les UV en l'occurrence, une trois portes/essence/boite 4/1 litre 1, elle roule toujours impeccable, malgré ses 229 229 kilomètres au compteur.

 



C'est une galère à rendre chèvre, que de se retrouve sans un véhicule autoriser à rouler parce que la Loire-Atlantique c'est un beau département, qui pratique une politique sociale qui pourrait inspirer bien d'autres départements en matière de logements et d'accueil, par exemple, mais ça reste un vaste département dont la préfecture, Nantes et les sous-préfectures, Saint-Nazaire et Châteaubriant se trouvent plus proche des départements limitrophes que du centre ; du coup, si vous vivez comme moi au milieu, ben vous vous retrouvez à minimum quarante bornes de tout : administratif, médecins spécialisés, hôpitaux...

Ouais, là où la Loire Atlantique pèche grave, c'est sa politique niveau des transports en commun ; genre mon bled dispose d'une gare ferroviaire, mais il y a que six trains qui s'y arrêtent par jour, trois le matin et trois le soir, point barre. Et quatre bus passe par mon village ; deux le matin, deux le soir, deux de plus en saison estivale, allez savoir pourquoi, alors qu'à quarante kilomètres de la mer à vol de mouette, on voit rarement par chez nous la queue d'un touriste. Ou la vulve d'une touriste, paraît qu'il faut pratiquer la parité, maintenant, même quand on écrit.

Enfin pour en revenir à la politique du département en matière de transport en commun, on peut d'autant plus la qualifier de bizarre, pour ne pas employer le qualificatif de stupide parce que bon j'ai quand même bien conscience que nos élus, ils font ce qu'ils peuvent avec le peu de pognon que l'Etat leur redistribue de NOS impôts tout en décentralisant ses devoirs un maximum histoire d'alléger le budget gouvernemental pour suivre des impératifs européens assez irréalistes ; on peut donc qualifier la politique départementale du transport en commun de bizarre parce que tout, absolument tout est à perpète-les-oies-et-les-jars (ben oui la parité c'est aussi dans les noms d'oiseaux qu'on doit la faire ressortir) ; avec les politiques gouvernementales de regroupement administratif pour faire un maximum d'économies, je me suis retrouvée « plantée dans le désert depuis trop longtemps à me demande à qui ça sert toutes les règles un peu truquées du jeu auquel on tient à me faire jouer les yeux bandés » à la seconde où le monsieur du contrôle technique de Pontchâteau m'a dit : « nan c'est fini, vu comment son bas de caisse est rouillé, votre Titine, elle est bonne pour la casse ».

La casse ?!

Ma Titine ?!!

Nan mais vous rigolez des genoux vous, ou quoi ?!!!

Déjà, entre Titine et moi, c'est une histoire d'amour, à la vie à la mort.

Vous ne pouvez pas comprendre, vous n'avez pas les mêmes problèmes d'attachement affectif que moi, parce que votre cerveau et votre thyroïde fonctionnement à peu près normalement et vous, vous êtes soit issu(e)(s) d'une famille qui vous aime ou à défaut qui a le sens de ses devoirs vis-à-vis de vous, ou si vos parents et votre fratrie sont des handicapés de l'affectif comme ceux que je me farte depuis ma naissance, vous avez pu fonder une famille qui vous aime et prend soin de vous. Du coup, l'amour pour vous, c'est réservé aux humains.

Mais moi, je ne fonctionne pas comme ça, parce que les humains ont trop de mal à s'attacher à moi. Les seuls êtres qui m'ont manifesté de l'amour jusqu'à présent, ce sont dans le désordre, mes chats, mes chênes et... ma voiture.

Alors je vais essayer de vous expliquer pourquoi je tiens à ma voiture comme à la prunelle de mes yeux : Titine, c'est ma première voiture. La toute première ; une fois achetée, je n'en ai jamais changé même quand j'en ai eu les moyens, ce qui était parfaitement envisageable une fois entrée en possession de l'héritage de mon père.

Je l'aime d'amour et je sais que c'est réciproque, parce qu'elle me l'a prouvé maintes fois.

Déjà, elle m'a sauvé la vie plus d'une fois quand j'étais jeune conductrice et un peu tête-en-l'air, comme la fois où elle a réussi à s'arrêter à un décimètre de la priorité à droite que j'étais en train de griller, alors même que sous pluie battante, j'avais commis l'erreur de débutante d'enfoncer la pédale de frein à fond et la pauvre bagnole était partie en aquaplaning, fonçant droit sur la voiture que je n'avais aucune chance d'éviter. 

Dix centimètres. 

En sortant du véhicule pour m'excuser auprès de la femme dont j'avais failli plier la caisse, je n'en revenais pas, de voir ces dix petits centimètres entre nos deux tôles non froissées par le miracle de Titine plus maligne que sa conductrice. La nana non plus, elle n'en revenait pas... Toutes les deux on était en cet instant persuadé d'avoir assisté à un miracle, mais Dieu n'y était strictement pour rien, parce que dieu, les femmes il s'en est toujours battu les couilles qu'il n'est pas sensé avoir, du coup il fait appel au saint-Esprit qui lui visiblement en a pour engrosser les Vierges lorsque la fantaisie de mettre au monde un fils le prend. Si si, dieu, il s'en bat les couilles des femmes : regardez comment il a monté les mecs contre nous... Il les pousse constamment à nous battre à nous violer, à nous exciser, à nous infibuler sous tous les prétexter possibles et imaginables, même les moins humains, soit disant que c'est tout ce qu'on mérite pour avoir osé bouffer une pomme, alors que son Adam chéri d'amour aussi, il croqué, cette foutue pomme qui lui est restée en travers de la gorge...

Bref.

Et ce jour où, sur l'A15 peu avant la dernière sortie avant le pont de Gennevilliers son câble d'accélérateur, changé pour un neuf par mon petit frère sensé être un petit génie de la mécanique, m'avait lâché et que je m'étais retrouvée au beau milieu d'un flux de voitures heureusement ralenties par un bouchon, découvrant avec effroi et entrant en mode panique que ma pédale de frein ne me servait plus à rien... C'est Titine qui m'a chuchoté de sa petite voix calme de me mettre en première et en warning afin qu'elle puisse me faire sortir de l'autoroute à la vitesse certes d'un cheval au pas, mais sortir quand même, la tête haute au milieu de tous les tarés autour de moi qui me klaxonnaient et m'invectivaient parce que le bouchon avait avancé enfin des deux mètres qu'ils étaient tellement pressé de remplir de leur inhumaine présence... Ainsi en première, Titine a vaillamment roulé centimètre après centimètre jusqu'à la bande d'arrêt d'urgence, et nous avons pu quitter la quatre voie où une panne m'aurait coûté une amende salée en plus du prix du dépannage d'urgence...

Une fois tirée d'affaire, j'ai appelé le  dépanneur depuis un parking de grande surface, en expliquant bien la panne que j'avais : je n'ai alors eu que le prix de la réparation à régler en direct parce que comme ces voitures sans électronique sont tellement simples au niveau mécanique que le monsieur avait changé le câble sur place sans avoir à la remorquer jusqu'à son garage...

Pendant près d'une décennie, et alors même que tout son système de refroidissement était mort, il me suffisait de rouler avec le chauffage à fond été comme hiver pour éviter de changer toutes les pièces qui avait besoin de l'être, du radiateur rouillé à la durite principale qui a attendu très sympathiquement une décennie avant de rendre l'âme sur le plateau des Mille-Vacheq, alors que j'étais en plein voyage pathologique, en 2009. 

Qu'elle s'est montrée vaillante encore, quand on est descendues elle et moi dans le Cantal alors qu'elle était chargée ras-la-gueule de tout ce que je n'avais pu me résoudre à abandonner derrière moi quand j'ai eu cette lubie de partir m'installer dans dans le château d'eau de la France pour y faire un CAP arts du bois.... En pleine nuit, parce que je savais que je ne pourrais pas la pousser question vitesse, donc il valait mieux que je prenne l'autoroute de nuit pour être la moins gênante possible... Pause toutes les heures pour refroidir son moteur, vérification du niveau de liquide de refroidissement dont j'avais plusieurs bidons à portée de main, à quatre-vingt sur l'autoroute de Clermont-Ferrand où les tous les camions me doublaient en rigolant...

C'est dans le Cantal que Titine et moi avons connu notre lune de miel.

Et plus notre amour l'une pour l'autre grandissait, plus elle me protégeait.

Ainsi un jour que j'étais à Saint-Flour et que je devais impérativement rentrer sur Aurillac, et alors même que l'Ecir, un vent de glace local particulièrement vicieux s'était levé, les gendarmes m'ont obligée à mettre les chaînes pour pouvoir circuler. Je n'avais jamais roulé en chaînes ; après un démarrage en côte mal dosé à cause de l'inertie qu'impose les chaînes aux pneus, ma pauvre titine a bondi comme un cheval de rodéo se cabrant et est partie en bille en tête en plein milieu d'une rue remplie de voitures ; elle a réussi à s'arrêter après deux superbes tête-à-queue sans froisser aucune tôle ni égo alors qu'en panique au volant je n'avais plus aucun contrôle sur la situation... 

Du coup, dès la sortie des Saint-Flour, passé le dernier barrage de gendarmerie, j'ai ôté les chaînes et j'ai traversé la Planèze en suivant la déneigeuse, en roulant en troisième me servant seulement du frein moteur, c'est-à-dire en levant le pied et en rétrogradant au lieu d'appuyer sur la pédale de frein, sur le conseil de ce sagace petit véhicule chaque fois que le chasse-neige devant moi ralentissait. Titine a été la seule voiture à réussir à quitter Saint Flour ce soir-là, me gardant entre ses flancs d'acier dans une sécurité absolue malgré le fait qu'elle n'était équipée ni de fancy pneus neige ni de chaînes, ni d'airbag ou de freins ABS, alors que tous les gros SUV si sécurisés n'avaient pas ce qu'il fallait pour affronter le mètre et demi de neige accumulé sur la route au milieu duquel la déneigeuse traçait un sillon verglaçant aussitôt la neige tassée sous son poids d'engin de chantier ; eh oui, ce qu'aucun de ces énormes 4x4 sensés pouvoir affronter tous les temps et autres voitures de « sports et loisirs » n'avaient pas, c'était tout simplement la légèreté physique d'une petite citadine sans prétention portant avec grâce ses 700 petits kilogrammes faisant d'elle un 36 fillette en langage bagnole... C'est grâce à sa légèreté et ses bons conseils que j'ai fait tous les cols du département par tous les temps...

Vaillante Tititne...

Toujours à démarrer au quart de tour par qu'il vente qu'il pleuve qu'il neige, toujours prête à m'emmener au bout du monde si je le lui demande poliment... Le jour où, en Avril 2009, j'ai quitté le Cantal précipitamment en pyjama à onze heures du soir avec deux sacs contenant mes livres les plus précieux, elle a démarré sur une simple poussée alors que je ne l'avais pas fait rouler depuis plus d'un an, c'est elle qui m'a permis de quitter l'endroit où je croyais que j'allais être assassinée par l'homme avec qui j'avais commis l'erreur d'acheter en indivision ma maison. Douze nuits elle a protégé ma paranoïa aiguë par les froides nuits d'Avril, certes sa banquette arrière était d'un affreux inconfort pour dormir, mais je m'y sentais tellement en sécurité...

Et la fois où elle était tombée en panne d'alternateur à Pontoise où j'allais pour voir un meeting aérien depuis mon bled de Loire-Atlantique, et où elle m'avait vaillamment ramené à bon port le lendemain après le spectacle que j'étais venue voir, sans alternateur donc sans rechargement de batterie : elle avait donc fait la route d'une traite sans jamais se plaindre...

Et la fois où...

Pouvais-je les compter, toutes ces fois où ma voiture a fait preuve à mon encontre de plus d'humanité que ma propre famille ?!

 

Ma Titine ?

Bonne pour la casse ?!

JAMAIS !!!

 Plutôt crever !!! (moi, pas elle, hein... Ses pneus sont neufs.)

Mais bon, une fois son contrôle technique refusé, j'ai compris à quel point je suis dans la merde. Pas assez d'éconocroques pour acheter une voiture même un modèle basique sans options, pas assez de revenus pour obtenir un crédit pour en racheter une...

Vous voulez savoir à quel point le monsieur du contrôle technique m'a mise dans la merde, le jour où il a décidé qu'elle était à peine bonne pour la casse, en encore ?!

Eh bien par exemple, si je veux allez voir mon dentiste en transport en commun depuis le bled où je vis jusqu'au bled où son cabinet à elle se trouve, il faut six heures de demi de transports en commun. Avec deux bus, un pour aller de mon bled jusqu'au bled où il y a une gare ferroviaire desservant une ligne SNCF me rapprochant de la gare ferroviaire desservant une gare routière d'où l'on peut reprendre un bus desservant le bled de la dentiste.

Entre nos deux bleds, en voiture il y en a pour dix minutes, en respectant les limitations de vitesse scrupuleusement, 80 km/h sur route, 50 km/h en bourg, parce qu'il n'y a que dix bornes, en ligne presque droite, parce que la départementale reliant nos deux bleds est une ancienne voie romaine.

Sans voiture, il y en a pour six heures et demi...

Six heures et demi.

Ce qui signifie qu'une fois arrivée, je ne suis pas au bout de mes peines, et j'ai intérêt à partir avec une tente et un sac de couchage : je suis obligée de camper sur place une fois le rendez-vous chez le dentiste passé, parce que le dernier train que je pourrais attraper en gare retour part pile au moment où je suis encore sur le siège du dentiste.


Sans voiture comment faire mes courses ?

Aller chercher ma bouteille de gaz ?

D'accord il y a une supérette près de chez moi, mais la bouteille de gaz pleine, vous croyez que je peux décemment la porter sur mes épaules sur le kilomètre et demi de l'endroit où on peut me la vendre ?!

 Oh allo,ns, me rétorquera-t-on, il y a quand même Aleop à la demande ! Ouais ben en ce moment attention à la galère vu la situation sanitaire :

[COVID-19] MESURES RELATIVES AU CONFINEMENT :

>  Le transport à la demande est maintenu selon les modalités, jours et heures habituels, mais uniquement pour les déplacements de première nécessité. Le port du masque est obligatoire et vous devez être muni.e de votre attestation de déplacement dérogatoire lors du trajet.

Et si pour faire mes courses il y a des solutions, comment je fais si j'ai un problème médical urgent en pleine nuit ? Comment je fais pour me rendre au Urgences de Redon ou de Saint Nazaire ?

Oui, vous avez raison les pompiers m'y emmèneront. Mais pour en revenir, j'ai intérêt de pouvoir compter sur mes deux jambes... Je le sais, parce que j'en ai fait la triste expérience ; j'ai été emmenée à l'hôpital de Redon pour une suspicion de pancréatite un 24 décembre... Le lendemain, quand je suis sortie en pyjama et en Crocs, vous savez ces grosses chaussures très moches mais très confortables qu'on peut employer pour jardiner ou trotter des kilomètres de couloirs quand on est aide-soignante ou infirmière, ben j'ai eu beau faire du stop, personne n'a eu pitié de moi... Un 25 décembre, en plus, le jour où les chrétiens qui prétendent que leur religion c'est nos racines ont placé la naissance de leur Christ qui est sensé avoir sauvé l'humanité de sa propre bêtise par son sacrifice et sa pseudo-résurrection, je me suis fartée vingt-cinq bornes à pied.

Depuis, je n'appelle plus le 15 ou 18 quand j'ai mal quelque part en pleine nuit : je préfère crever chez moi plutôt que de me retrouver à randonner le long d'une des départementales les plus fréquentées du département pour rentrer à la maison à pince en regardant ces putains de SUV à l'empreinte carbone monstrueuse me frôler pendant que leurs conducteurs se moquent de ma dégaine de clodo...

L'on m'objectera sans doute qu'il y a une révolution numérique en cours : je peux faire plein de trucs à distance : les impôts, l'administratif, toussa...

Ça, ça vaut si vous avez les moyens d'avoir internet à votre domicile. Mais si comme moi, vous dépendez de l'accès à un ordinateur publique à la bibliothèque municipale qui a des horaires vraiment bizarres parce qu'elle est tenue par des bénévoles, la poste, dont les horaires changent toutes les semaines ou presque depuis la crise du corona virus, ou dans les locaux de la communauté de Communes, locaux que que le Conseil Général veut d'ailleurs fermer sur mon village pour tout regrouper sur le même bourg à vingt bornes de chez moi, au lieu de faire son devoir vis-à-vis de l'égalité entre les citoyens garantie par notre constitution, en payant des fonctionnaires pour faire de l'accueil de public en rase campagne, au lieu de faire toujours plus d'économies sur nos impôts qui ne cessent pourtant d'augmenter... Ben vous l'avez dans le popotin bien profond. Et sans lubrifiant, cela va sans dire, mais ça fait vraiment mal en le disant.

La révolution numérique dont notre délicieux gouvernement se targue d'avoir enclencher et qui profite de la pandémie pour l'a faire accélérer, vous la regardez se dérouler de loin.

Tout là-bas.

En ville.

En ces lieux où les gens sont à portée de tout et n'en ont vraiment pas besoin puisqu'on a groupé tous les services dont on avait besoin à la campagne chez eux.

Donc je garde Titine, et je joue désormais à un jeu super fun qui s'appelle : cache-cache enrase campagne avec les gendarmes.

Depuis deux ans.

Des fois ils sont gentils. Lorsqu'ils m'ont arrêtée sur le Rond-Point après Treffieux alors que je me rendais chez mon psychiatre à Châteaubriant, ils m'ont laissée repartir contre la simple promesse de faire refaire mon contrôle technique. Des fois il sont un peu moins cool ; il y a deux mois à Rieux, ils ont pris en otage ma carte grise, me donnant une semaine pour faire faire le contrôle technique à Titine. Le résultat a été le même : Titine est trop rouillée pour l'avoir, son baccalauréat de bagnole lui donnant droit de rouler. 

Mais le monsieur du contrôle technique m'a prise en pitié et m'a très bien conseillé, il a donné à ma Titine deux mois pour faire une contre-visite, il m'a conseillé d'aller le jour-même récupérer ma carte grise et de ne surtout pas montrer le résumé du contrôle au gendarme, parce qu'il n'avait pas légalement le droit d'exiger de le voir. Ce Besse n'avait pas le cœur de cette pierre que son patronyme signifie en auvergnat, et il m'a vraiment aidée au-delà de mes espérances. C'était un vendredi ; je suis arrivée à la Gendarmerie d'Allaire cinq minutes avant la fermeture au public, je suis tombée par hasard sur le gendarme qui m'avait contrôlé, j'ai eu de la chance qu'il venait de se taper une garde, ce qui faisait que ça faisait 48 heures qu'il n'avait pas dormi et il était vraiment trop fatigué pour conserver ma carte grise et affronter la masse administrative que signifiait d'immobiliser mon véhicule. Quand je lui ai dit que la carte grise j'en aurais besoin pour la mettre à la casse, il a eu un très gros soupir, et il me l'a rendue...

A présent qu'elle et moi nous en sommes là, je souhaite à ma Titine la plus longue vie possible.

 

Pas parce que jouer à cacher-cache avec les gendarmes sur les petites routes de mon département, c'est aussi terrifiant et excitant que d'affronter la descente d'une très haute montagne russe. 

Pas parce que j'en ai basiquement besoin pour aller faire mes courses une fois par mois. 

Pas parce que j'ai envie d'aller chez mon médecin ou mon dentiste sans devoir prévoir de partir camper deux jours alors qu'ils sont à dix bornes de chez moi.





Non.

Parce qu'elle ne mérite tout simplement pas de finir désossée en casse après avoir été ma vaillante monture et m'avoir protégée de moi-même comme des autres depuis plus vingt ans que je la possède.

 

Mon cœur est brisé à l'idée de m'en devoir séparer.

 

C'est comme si j'enterrais ma sœur ou ma mère, pas ma génitrice, celle qui n'en a jamais rien eu à foutre de moi et qui m'a torturé aussi longtemps qu'elle l'a pu, mais celle qu'ange je rêvais d'avoir lorsqu'on m'a annoncé que j'allais être incarnée sur cette putain de Terre au milieu de ces foutus humains trop occupés à détruire leur planète pour ne serait-ce qu'envisager leur confort à la  sauvegarde de sa beauté et sa diversité.

 

Titine est vieille ?

Titine pollue ?

Mais mon pauvre monsieur, ma pauvre madame, je pollue moins avec ma Titine pourrie que vous, puisque je fais moins de kilomètres avec que vous n'en faites quotidiennement avec vos SUV vous permettant de vous prendre pour les Rois de la Route... Je fais même des économies de carburant, ne vous en déplaise, parce que je roule pas vite sur des toutes petites routes : quand je suis partie à Luxeuil-les-bains assister au dernier meeting aérien de la base aérienne où créchait le ¼ Dauphiné avant sa mise en sommeil pour voir des mirages 2000 N, mon autre grande passion mécanique, j'ai fais mon plein en partant de Loire-Atlantique et je l'ai refait... 700 kilomètres plus tard, en arrivant en Haute Saône, et je vous rappelle que c'est une essence ma caisse, ma un diesel  !!! J'ai mis deux jours, certes... Mais sur la route j'ai fait tellement de belles étapes j'ai vu tant de belle choses...

Ce n'est pas moi qui suis lente, c'est vous tous qui allez trop vite.

 

Et s'il y a une seule leçon à tirer de tout cela, c'est cela :

Pour mener une Titine jusqu'à 229 229 km au compteur sans changement de moteur, il faut la ménager, l'entretenir et la chérir. Rouler doucement, recourir plus au frein moteur qu'à la pédale ; avoir les yeux partout, anticiper sur la route en la surveillant comme une casserole de lait sur le feu ; lui faire faire quelques pointes de vitesse sur des quatre voie de temps à autre, mais attention, pas à 140 km/h, mais tout simplement en poussant les vitesses secondes et troisième à leur maximum pour décalaminer son moteur. Faire faire ses vidanges et son tout son entretien chez un professionnel, un vrai, un gentil, un qui vous montre à voir les pièces qu'il a changé et ne vous fait pas prendre des vessies pour des lanternes sous prétexte que parce que vous êtes une femme vous ne pouvez rien comprendre à la mécanique...

 

Mercredi‎ ‎6‎ ‎janvier‎ ‎2021 à 14h18 Titine a eu 229 229 km au compteur

Au lieu de changer de bagnole tout le temps sous les prétextes les plus divers mais les moins avouables, vous devriez essayez, au lieu de me mettre moi en posture de devoir mettre mon amour de super cinq à la casse afin de me contraindre à acheter une autre bagnole pour permettre à votre économie de merde de tourner et tourner et tourner jusqu'à ce que tout le pétrole qui était contenu dans le sol soit transformé en gaz d'échappement asphyxiant notre planète, et nous par la même occasion.

mardi 12 janvier 2021

Après les fin de mois difficiles, voici les fins d'année difficiles


 

Alors faisons la fête





 

Partons en randonnée un premier janvier


 

Nous irions jusqu'au ciel


 

A l'abri de vieilles pierres

 


Un petit tour d'étrennes


 

Reflets d'eau et difractions de lumière

 



La façon dont les rayons appariassent sur mes photos m'ont fait penser au premier "monothéisme" historique, et notamment la représentation de Aton avec ces rayons bienfaiteurs...

Benediction d'un ami


 

Au pied de mon arbre je suis toujours heureuse


 

Il est beau, non ?!


 

Route à contre sens en contre jour


 

Un coup d'oeil à la Cour ...


 

... Depuis sa grille


 

Et puis laissons nos pas nous porter

 


Guidée par une eclipse


 

 


Vous admirez ma bague ?

Elle est le fruit du remarquable travail d'orfèvre de Madame Géraldine Abadie, joaillère sur Châteaubriant, à qui j'ai apporté une bague ancien à la monture cassée et une monture d'argent moderne dont la pierre d'origine s'était dessertie en lui demandant si elle pouvait donner la monture à la Perle d'argent que je tenais à arborer...

 

Je ne le pensais pas possible, mais elle l'a fait ! Madame Abadie est une merveilleuse artisane à qui je transmets ma bénédiction ; je souhaite voir sa maison rester debout contre vents et marées tout autant que Covid...

 

Source de l'article : Ouest France

 


Portrait

La famille Abadie, c'est Christian, Françoise, leur fille Géraldine et leur entreprise de joaillerie-bijouterie, installée place de la Motte depuis plus de vingt-cinq ans. Tout jeune déjà, le père, Christian Abadie, était attiré par les arts en général : le dessin, la peinture ou la mode, qu'il découvrait à travers des ouvrages spécialisés dont il était un fervent lecteur.

À huit ans, il a la révélation de sa vocation en regardant une émission de télévision consacrée à un grand joaillier. Son chemin est alors tout tracé : il suit un apprentissage de trois ans, débuté avec maître Guillard, un joaillier qui a travaillé un temps place Vendôme, à Paris, le temps de décrocher un diplôme à la chambre des métiers de la Sarthe et de glaner au passage trois premiers prix aux Beaux-Arts du Mans. Il termine son parcours en tant qu'employé au sein d'un atelier de renom, toujours au Mans, où l'artisan reste finalement une vingtaine d'années.

Les deux établis sont côte à côte

Puis, il vole de ses propres ailes et se met à concevoir ses créations originales. Tout au long de sa carrière, il tente d'affirmer sa démarche artistique à travers ses créations de bijoux. « Je suis avant tout un artisan créateur. Ma démarche de joailler a toujours été guidée par mon inspiration. » Son atelier, d'une grande sobriété, est au premier étage de la boutique. Deux établis trônent côte à côte, identiques, celui du père et de la fille, du maître et de l'élève.

Géraldine, garante des traditions et d'un savoir-faire artisanal précieux, assure désormais la relève. Car ici, « on travaille toujours à l'ancienne et il n'est pas question de changer », glisse-t-elle dans un sourire amusé. Cette jeune femme pleine d'humilité perçoit le joaillier-bijoutier comme le trait d'union entre la personne qui portera le bijou et la pièce créée pour elle.

« La joaillerie de proximité n'est plus ce qu'elle était »

En bas, dans la boutique, Françoise accueille et reçoit chaleureusement les clients. Elle écoute, explique, conseille, mais s'occupe aussi de la gestion administrative, financière et des contacts avec les fournisseurs. C'est elle la gardienne du lieu, l'indispensable rouage assurant le bon fonctionnement de l'entreprise familiale.

Mais « la joaillerie de proximité n'est plus ce qu'elle était », déplore avec beaucoup d'amertume le couple, après plus de quarante ans de carrière. « La désertification du centre-ville s'accentue chaque année, avec des commerces qui ferment au profit des grandes zones commerciales qui ne cessent de croître, constate Christian Abadie. Notre centre-ville mériterait d'être revalorisé. Face à cette rude situation, heureusement qu'il nous reste encore une clientèle avertie, soucieuse d'un savoir-faire de qualité. Sans eux, nous aurions déjà mis la clé sous la porte. » Christian Abadie est néanmoins inquiet pour l'avenir. Et plus particulièrement pour celui de sa fille : « Il faut, malgré tout, aller de l'avant et ne jamais baisser les bras. »




Bonne Année, noble Dame, que 2021 vous apporte l'inattendu à défaut de la réalisation de tout vos voeux...