lundi 23 mai 2022

Orage à Saint Gildas des bois le 22 mai 2022 à partir de 23h23

Début de l'observation à 23h23

Ça commence timidement, avec quelques éclairs, un peu de tonnerre, trois gouttes de pluie... Excédée, je vois le moment arriver où l'orage poussé par un flux de sud sud-est va une nouvelle fois aller décharger ses trombes d'eau quelques kilomètres plus loin, je pense à mes trois réserves d'eau de pluie vides, mes pauvres petites plantes que je viens d'arroser à la limite d'être fanées, parce que vu le manque d'eau dans mes réserves (j'en ai trois de 250 litres et elles sont toutes déjà vides, alors que l'été n'est même pas encore arrivé, cette année, c'est la cata :/ ), je suis obligée de les restreindre en eau, malgré qu'elles soient en pleine floraison...

Je passe mes bagues de commandement et je houspille le ciel :

- Et va donc, manant ! c'est quoi ces trois pauvres gouttes de pluie minables ?! Vas-y pleus si t'es es mâle, un vrai, un viril... Arrose, mec, arrose...

Le tonnerre gronde, les éclairs déchirent les entrailles célestes, mais l'eau ne tombe toujours pas. Alors toujours perchée à ma fenêtre, j'insulte, je raille, je conspue...

Le ciel joue avec moi, je joue avec lui, il lâche quelques grosses gouttes à mon invective, tarit aussitôt... Je monte en gamme, prends le commandement, et je retiens les chevaux fous du vent brûlant, les faisant cabrer à main gauche : 

- Te barrer ?! Pas moyen, tu pleus ici, et MAINTENANT !

Le vent tourne, l'orage se retourne, les éclairs se multiplient, le ciel menace, gronde, éclate, foudroie et je retiens à deux mains :

- Pleus, bordel de dieu de merde, pleus !

Et tout à coup le ciel se fend, et l'eau gicle, abondante, épais rideau qui crépite sur l'asphalte et miroite sous les réverbères, les flaques se forment à une vitesse impressionnante, de part et d'autre des trottoirs, un mètre d'eau débordant des caniveaux...

Éberluée par la puissance que je retiens à grand peine, j'exulte, et ma voix s'élève dans la tourmente caressant les nuages de joie, l'eau redouble, les éclairs craquent au-dessus de moi, sur tout la longueur de la rue du pont... 

Je suis autre, rebut sacré d'un temps révolu, ma puissance s'allie à celle du ciel et mon élément choit, rendant vie à ces terres assoiffées et brûlantes, éperdues de bonheur comme l’humidité gonfle leur langue de terre desséchée... Et je comprends pourquoi les hommes ont peur des femmes, pourquoi ils n'ont eu de cesse que de nous castrer, de nous interdire la magie, de nous repousser hors du sacré : notre puissance est parfaitement terrifiante...

Ah ils peuvent en mettre des robes et marmonner des charabias magiques en langue sacrée sur des bouts de pain, ils ne nous arrivent pas à la cheville en matière de puissance... Et ils le savent, c'est bien pour cela qu'ils nous violent, nous frappent et nous tourmentent depuis des siècles. Ils savent bien, que le jour où l'on redressera la tête et levant le poing vers le ciel, c'est nous que ce dernier obéira. La vie c'est nous ; eux ne sont capable que de donner la mort...

Alors que l'orage tourne au-dessus du bourg, je me rends compte de la puissance céleste exceptionnelle, et décide de tenter de conserver un souvenir de ce bouquet final apocalyptique, pour une fois que je suis au dessous tout en étant en sécurité.

Car c'est un véritable feu d'artifice : la cellule se trouve au-dessus du bourg et va tourner plus d'une heure, en lâchant des trombes d'eau (20 centimètres d'eau au quart d'heure sur une réserve de de 250 litres, j'ai enfin refait mon eau de pluie), mais surtout des éclairs extraordinaires. Le tonnerre retentit en continu rebondissant sur les crépis et les ardoises, éclatant comme un bombardement...


Cliché pris à 23h32 sans réglage particulier

Dubitative, je tente quelques clichés avec mon vieux Xperia (année d'achat : 2013... L'écran est brisé, le cordon d'alimentation est en train de me lâcher par les deux bouts, que j'ai dû rafistoler à l'aide d'attelles de fortune pour leur conserver le contact menaçant rupture ; j'ai ôté sa puce du jour où j'ai résilié mon abonnement chez Bouygues Telecom, mais il tient encore bon, le brave petit chou, pour donner l'heure, prendre des photos, sonner des alarmes, me rappeler mes RDV... Voiture ou portable, on voit que je les pousse à fond, mes achats de consommation... ^^) 

Ce matin, après quelques bidouilles sur PC à partir des matrices numériques, je découvre à ma grande surprise que j'en ai prises quelques unes des photos d'éclair, et je me dois d'insister sur la surprise parce que je ne pensais pas la cellule assez sensible pour déclencher au bon moment...

23h34 - Réglage "paysage de nuit"

23h35 - Réglage "Feu d'artifice"

23h39 - sans réglage particulier (on voit nettement le changement de coloration au niveau du ciel)

23h39 sans réglage particulier ; on voit que la cellule de prise de vue ignore comment traiter la captation de la lumière qui change au moment même où le cliché est pris : la gradation de l'éclat lumineux allant en augmentant est ici parfaitement visible, formant ces trois bandes, la plus sombre marquant le tracé de l'éclair et les deux autres le reflet de la décharge lumineuse sur les nuages, provoquant cet aveuglement si caractéristique, cette masse surlumineuse qui empêche de "capter" l'éclair en photo numérique...

L'expérience était magnifique, j'ai adoré jouer ainsi avec le ciel... 

C'est fun d'être en état maniaque, parfois. ^^

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