Financement libyen de la campagne de Sarkozy : l'argent liquide au cœur de l'enquête
Les enquêteurs
en charge de l'affaire du financement par le dictateur libyen Mouammar
Kadhafi de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ont mis en évidence
une circulation d'argent liquide au sein de l'équipe du candidat.
Explications.
Nicolas Sarkozy va passer mercredi sa deuxième journée en garde à vue,
dans les locaux de l'office anticorruption à Nanterre. Toujours entendu
dans le cadre de l'enquête sur le possible financement par la Libye de
sa campagne de 2007, l'ancien président a toujours nié les faits qui lui
sont reprochés. Si les juges et les policiers disposent
vraisemblablement de peu d'éléments matériels, ils s'intéressent aux
circuits d'argent en espèce au sein de l'équipe de campagne du candidat.
Ainsi, l'Office central de lutte contre la corruption et les
infractions financières et fiscales (OCLCIFF) a établi un rapport sur la
question en septembre 2017. Il met en évidence une importante
circulation d'argent en espèces dans l'entourage de Nicolas Sarkozy lors
de sa campagne de 2007 et l'usage très régulier d'argent en liquide par
Claude Guéant.
Comment l'ont-ils découvert? Grâce à l'affaire… Bygmalion. En janvier 2017, Jérôme Lavrilleux racontait les dessous de la campagne de 2012 dans un documentaire de France Inter. Directeur-adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy face à François Hollande, il a dit avoir fait face à des réclamations de cadres de l'UMP, déjà présents cinq ans plus tôt : "La personne me dit : 'en 2007, nous avons tous reçu une prime en liquide. Là, j’ai compris qu’on nous suspectait de ne pas avoir redistribué l’argent!' C’est une pratique qui semblait être habituelle." Lavrilleux a confirmé ses propos sur procès-verbal, en juin 2017, lorsqu'il a été convoqué par les enquêteurs de l'affaire libyenne en tant que témoin de moralité. Et d'autres personnes ayant œuvré pour la campagne de 2007 ont confirmé devant les policiers de l'OCLCIFF l'existence de primes en espèce. "Tout le monde venait chercher son enveloppe", a relaté une ex-salariée, d'après le rapport de l'Office dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que Nicolas Sarkozy ait été au courant.
A BFMTV, deux membres de l'équipe de campagne déclarent avoir reçu des enveloppes de 2.000 et 1.000 euros :
Surtout, Eric Woerth aurait dû déclarer ces dons en espèces, pour la commission nationale des comptes de campagne ou même au fisc. "J'aurais sans doute dû le faire, à l'époque on n'y a pas pensé. (...) Ce n'était pas beaucoup d'argent. On l'a distribué aux salariés qui avaient beaucoup donné", s'est expliqué le député en janvier 2018 sur France Inter. "Je crois que j'ai bien fait de faire cela compte tenu des circonstances qui étaient les circonstances de l'époque", ajoutait-il.
Comment l'ont-ils découvert? Grâce à l'affaire… Bygmalion. En janvier 2017, Jérôme Lavrilleux racontait les dessous de la campagne de 2012 dans un documentaire de France Inter. Directeur-adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy face à François Hollande, il a dit avoir fait face à des réclamations de cadres de l'UMP, déjà présents cinq ans plus tôt : "La personne me dit : 'en 2007, nous avons tous reçu une prime en liquide. Là, j’ai compris qu’on nous suspectait de ne pas avoir redistribué l’argent!' C’est une pratique qui semblait être habituelle." Lavrilleux a confirmé ses propos sur procès-verbal, en juin 2017, lorsqu'il a été convoqué par les enquêteurs de l'affaire libyenne en tant que témoin de moralité. Et d'autres personnes ayant œuvré pour la campagne de 2007 ont confirmé devant les policiers de l'OCLCIFF l'existence de primes en espèce. "Tout le monde venait chercher son enveloppe", a relaté une ex-salariée, d'après le rapport de l'Office dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que Nicolas Sarkozy ait été au courant.
De 30.000 à 35.000 euros versés en primes aux petites mains de la campagne
"En 2007, j'ai touché une enveloppe d'environ 3.000 euros. Il faut savoir qu'à chaque fois que l'on participait à une présidentielle, on était plus payé. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté de travailler pour la campagne de Nicolas Sarkozy. Ces primes touchées en espèces, nous savions qu'elles étaient occultes, que c'était du net, que nous n'avions pas à déclarer aux impôts". Ce témoignage provient d'un procès-verbal de l'ancienne secrétaire du QG de Nicolas Sarkozy et diffusé par France Inter. Il est corroboré par d'autres. Certains disent avoir utilisé cet argent pour payer leurs vacances, ou s'acheter "un sac".A BFMTV, deux membres de l'équipe de campagne déclarent avoir reçu des enveloppes de 2.000 et 1.000 euros :
"C’était le défilé dans le bureau de Vincent Talvas [trésorier de la campagne présidentielle, NDLR], tout le monde venait chercher son enveloppe", relate un autre membre de l'équipe dans un témoignage publié par Libération mercredi. Au total, selon le quotidien, il y en a pour 30 à 35.000 euros. Cet argent était stocké dans "le coffre-fort" d'Eric Woerth, alors trésorier de la campagne.Campagne de 2007: des membres de l'équipe de Sarkozy auraient reçu des primes en espèces... mais d'où venaient ces sommes ? pic.twitter.com/lQm2xcC6Ei— BFMTV (@BFMTV) 21 mars 2018
Eric Woerth explique ne pas avoir "pensé" à déclarer cet argent liquide
Interrogés par les enquêteurs, Éric Woerth et son adjoint chargé de la distribution des enveloppes, Vincent Talvas, ont répondu que l'argent provenait de dons anonymes. Une justification contestée au cours d'autres auditions, dont celle de la personne chargée du courrier reçu à l'UMP durant cette campagne présidentielle, qui a déclaré n'avoir "jamais vu de courrier arrivant qui contenait des espèces". Et cette explication peut aussi heurter une certaine logique liée à la législation des dons politiques. Pourquoi les donateurs auraient-ils ainsi fait l'impasse sur les déductions fiscales?Surtout, Eric Woerth aurait dû déclarer ces dons en espèces, pour la commission nationale des comptes de campagne ou même au fisc. "J'aurais sans doute dû le faire, à l'époque on n'y a pas pensé. (...) Ce n'était pas beaucoup d'argent. On l'a distribué aux salariés qui avaient beaucoup donné", s'est expliqué le député en janvier 2018 sur France Inter. "Je crois que j'ai bien fait de faire cela compte tenu des circonstances qui étaient les circonstances de l'époque", ajoutait-il.
Mais, pour les enquêteurs, avec ces 30.000 à 35.000 euros, on est loin des 50 millions d'euros d'argent libyen évoqué par la note du dignitaire de Tripoli Moussa Koussa en 2011. Les policiers n'ont que des indices, pas de preuves. Ainsi, ont-ils ausculté les comptes bancaires de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth et Brice Hortefeux, rappelle Libération. Au premier semestre 2007, tous n'ont que "très peu retiré de liquide sur leurs comptes bancaires respectifs", écrit le quotidien. A l'inverse, Laurent Solly, alors directeur adjoint de la campagne mais désormais patron de Facebook France, a lui déposé 5.000 euros en liquide sur son compte..@ericwoerth, sur l’argent reçu illégalement, de manière anonyme, pendant la campagne présidentielle, et pas déclaré à la commission des comptes de campagne : "J’aurais sans doute dû le faire, à l’époque on n’y a pas pensé" #le79Inter@ndemorandpic.twitter.com/hi1Ggq1csL— France Inter (@franceinter) 16 janvier 2018
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