Au Nigeria, Boko Haram libère 76 écolières
En
février, les combattants islamistes avaient mené un raid sur le
pensionnat de l’école pour filles de Dapchi, dans le nord du pays.
Au moins 76 des 110 écolières enlevées le 19 février par des miliciens islamistes de Boko Haram à Dapchi, dans le nord du Nigeria, ont été reconduites, mercredi 21 mars au matin, à leur école par leurs ravisseurs, ont affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) des parents.
« Les filles ont été ramenées dans neuf véhicules et déposées devant l’école vers 8 heures, a affirmé Bashir Manzo, qui dirige une association d’aide aux parents des enfants enlevés. Elles n’étaient accompagnées d’aucune force de sécurité. Leurs ravisseurs les ont juste déposées et sont partis, sans parler à personne. »Aisha Alhaji Deri, 16 ans, qui avait été enlevée, a confié à l’AFP que les jeunes filles n’avaient « jamais été maltraitées » pendant leur captivité. « Le jour du kidnapping, cinq d’entre nous sont mortes », a expliqué l’adolescente.
« Quand ils nous ont relâchées, ils nous ont dit d’aller directement à la maison et pas chez les militaires, parce qu’ils diraient que ce sont eux qui nous ont sauvées », a ajouté la jeune fille avant d’être récupérée par l’agence de renseignements nigériane.
Préférer la négociation
Le président Buhari avait déclaré la semaine dernière que le gouverment ferait « tout son possible » pour libérer les adolescentes, et préférait la solution d’une négociation avec les insurgés plutôt qu’une opération militaire.« La violence et la confrontation n’auraient pas été la solution, car cela aurait pu mettre en danger la vie des captives », a expliqué le ministre de l’information, Lai Mohamed, soulignant que les négociations avaient été facilitées par des « pays amis » et que leur libération avait été « inconditionnelle ».
Selon les experts, les rançons versées et les prisonniers libérés, en échange de la libération d’une centaine de lycéennes de Chibok, ont pu motiver Boko Haram à commettre un nouvel enlèvement de masse, mais la présidence, sur son compte Twitter, a affirmé qu’« aucune rançon n’a[vait] été versée ».
« Les filles sont actuellement entre les mains des services de renseignement (DSS), pouvait-on lire sur Twitter. La DSS informera la présidence et la nation dans les heures qui viennent. »
Kidnapping de masse
Des combattants présumés du groupe Boko Haram affilié à l’organisation l’Etat islamique avaient mené le 19 février un raid sur le pensionnat de l’école pour filles de Dapchi (Etat de Yobe) et étaient repartis avec 110 jeunes filles âgées de 10 à 18 ans. Mardi, Amnesty International a accusé l’armée nigériane d’avoir été informée des déplacements de combattants dans la région de Dapchi juste avant le kidnapping de masse, et de n’avoir pas réagi à temps.Ce drame s’est déroulé dans des circonstances quasi identiques à l’enlèvement de masse de Chibok, en avril 2014, quand plus de 200 lycéennes avaient été enlevées, déclenchant une vague d’émotion mondiale. Une centaine d’entre elles s’étaient échappées ou avaient été libérées au terme de négociations avec le gouvernement. Selon les experts, les rançons versées et les prisonniers libérés en échange de la libération d’une centaine de lycéennes de Chibok ont pu motiver Boko Haram à commettre un nouvel enlèvement de masse.
Yan St-Pierre, expert en contre-terrorisme pour Modern Security Consulting Group (Mosecon), note que les filles de Dapchi ne sont pas les premières otages à avoir été libérées cette année. « Mais cette libération est assez étonnante pour ne pas soulever beaucoup de questions, notamment sur le paiement de rançons, dit-il. Si c’est ce qui s’est passé, le gouvernement nigérian a dû payer une somme importante pour accélérer le processus et éviter un autre Chibok. »
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