mercredi 30 octobre 2024

HONTE DE FILLE d'EXPATRIÉ

 En 1974, je nais à Bruxelles, 1er district.

Ce n'est pas un hasard.

A l'époque, mon père a accepté un boulot pour installer du ferroviaire minier afin de contribuer à l'exploitation de la bauxite via un consortium américano-franco-belge, sur la côte au nord ouest de Konakry, dans une petite cité sans défense, Kamsar.

Les exportations de bauxite démarrent en 1973. Le premier navire chargé de la bauxite guinéenne quitte le port de Kamsar le avec 19000 tonnes de minerai à son bord. Dans les années 1970, la part de l'Afrique dans la production mondiale de bauxite triple.

Ma mère cherche désespérément à avoir un enfant, pour des raisons qui continuent à demeurer obscures à mes yeux puis que :

1) elle n’aimait pas mon père, ce qu'elle adorait en lui c'était le fait d'avoir détourné l'amour de son beau-frère à l'encontre de cette sœur aînée qu'elle haïssait et qu'elle s'apprêtait à humilier en épousant celui qui avait été son mari.

2) Avoir des enfants la dirigeait dans un cul-de-sac féminin typique de son époque contre lequel elle était révoltée, celui auquel avait été acculé sa propre génitrice, devenu mère au foyer pour éviter l'humiliante carrière sociale de fille-mère honnie des années quarante, alors que ma mère voulait prétendre être indépendante et avait décidé de faire carrière comme infirmière, une perspective totalement incompatible avec le fait de pondre des chiards.

Passons.

La Nature avait bien compris que ma génitrice n'était pas faite pour faire des gosses, et, comme sa propre mère, elle enchaînait les fausses couches. 

La dernière avant ma venue fut éprouvante et surtout totalement de la faute de mon père : une soirée « chez monsieur l'Ambassadeur » avec petits fours et champagne importés par valise diplomatique mais sans les Ferrero Rochers qui ont rendu célèbres ces soirées lors des campagnes publicitaires dans les années 80 était programmée, et monsieur l'ingénieur était attendu à Konakry avec sa "+ 1", en l'occurrence cette colorée délicieuse compagne tellement amusante avec son langage vulgaire et ses façons directes choquantes certes mais tellement égayantes ; que voulez-vous, les francophones expatriés en Afrique, étaient de trop bourgeoise extraction pur être habitués à de tels excès langagiers, et elle était jolie, en plus, la Christiane Maryse Jeanne, ce qui ne gâchait rien ; ah ben on s'amuse comme on peut, lorsqu'on s'ennuie au fin fond de l'Afrique, dont on exploite éhontément les richesses en bon néo-colonial méprisant les autochtones si ignorant du tas d'or, enfin de bauxite en l'occurrence, sur lesquels ils sont assis, ces sauvages toujours aussi peu civilisés après pourtant tant de décennies de colonisation...

Pour Rallier Kamsar à Konakry, il faut emprunter une piste de brousse, c'est-à-dire une route de terre battue que les pluies saisonnières rigolent d'années en années, créant un tape-cul d'à peine moins de cent kilomètres qui se font en trois heures, et le trajet s'effectue en jeep, véhicule assurément adapté pour trimballer des officiers en zone de guerre, mais largement moins pour emmener une femme venant d'attaquer son sixième mois de grossesse.

Ma mère le sait. Pourtant, elle décide que si, allez, on y va, se la péter en robe de soirée chez monsieur l'Ambassadeur. 

Pourquoi ? 

L'appât du gain. 

Si, si, l'appât du gain. 

Elle ne parle pas un mot d'anglais, mais comprend parfaitement le langage universel du pognon. 

Or les Américains du consortium ont l’œil sur son ingénieur d'engrosseur. Les amerloques lui font un pont d'or pour aller bosser avec eux, et elle ne désespère pas de convaincre sa bourrique de futur époux d'accepter leur proposition de trahir la CGEE ALSTHOM pour rallier leur boite où on leur fait miroiter plus de pognon pour le débaucher que mon père n'en gagnera jamais sur l'intégralité du reste de sa carrière... 

Mais pour cela, il faut qu'elle paraisse dans son superbe fourreau jaune au bras de son imbécile de mec, qu'elle papillonne des yeux en lui susurrant : « Allons, Poussin... Allons in America, man... On va se faire des gonades en or, mon amour ».

Camara notre boy, si si, c'est à ce titre qu'il était engagé pour compter dans le personnel de notre maisonnée, est fils de sorcier ; or en les voyant se préparer à partir, il est inquiet. Son instinct, jamais pris en défaut lui hurle : "Madame va mourir, si elle part ce soir". 

L'intuition du sorcier africain ? 

la superstition du fétichiste...   

La logique de l'homme dans les bras duquel elle a pleuré ses deux précédents fœtus évacués dans un flux de sang inquiétant. 

Il se propose comme chauffeur de la jeep. Il est boy, pas chauffeur, mon père refuse. Il insiste pour venir, ma mère qui compte sur lui pour tout, convainc son époux de le laisser les accompagner.

Au bout de vingt bornes de piste, il se produit ce qui devait se produire : ma mère perd les eaux, le fœtus, mais pas seulement : elle se met à saigner si abondamment qu'à ce rythme là, en une heure, c'est plié. 

Mon père panique, conscient que le temps de rebrousser chemin, sa femme est morte, et le temps de rallier la clinique décatie de Konakry, le résultat est le même. 

Camara prend les choses en main : il s'éloigne, cueille les bonnes plantes, les mâche pour en faire un cataplasme qu'il introduit dans la cavité vaginale, et chante ses mélopées magiques, auxquelles mon père n'a beau ne pas croire, il est assez désespéré pour ne pas les interdire alors que ses ascendants religieux lui intime de condamner la sorcellerie. 

Que faire d'autre, de toutes façons ? 

Regarder sa femme mourir d'une hémorragie fatale ?!

Camara n'était pas fils de sorcier initié aux rites malinkés les plus résistants à l'islamisation de son pays pour des prunes, mais pour une brune, ma mère : son savoir ancestral la sauva cette nuit là. 

Il prit aussi soin du fœtus que ma mère était choquée de voir si parfaitement formé et si totalement et irrémédiablement mort. 

Mes parents laissèrent Camara faire ce qu'il convenait de faire, quand bien même aucun des deux ne comprirent que ce qu'il était en train de faire allait agir sur mon existence future. Il est des choses de ce monde que nous autres occidentaux ne sommes pas avec notre cartésianisme prêt à comprendre ni même à admettre. 

Il a même dégoté dans les jours suivants un bébé biche qu'elle pût pouponner à la place de l'enfant mort-né, ce qui lui a évité de partir en vrille quelques mois trop tôt...

Bientôt ma mère fut prête à reprendre la route. Naturellement en arrivant à Konakry, il ne fut pas question d'aller chez monsieur l'ambassadeur : trop de sang sur son élégant fourreau définitivement ruiné; ça, ça aurait définitivement ruiné la réputation de mon futur géniteur qui tenait tellement à son boulot d'ingénieur. 

A la clinique, les médecins hochèrent la tête : Camara avait fait un bon boulot, un très bon boulot. Pas avec la sorcellerie... Avec le cataplasme de plantes, une association d'hémostatiques qui avait permis à ma mère de coaguler au lieu de se vider de son sang...

Je fus la prochaine, et Camara s'était juré que non seulement je naîtrais à terme en parfaitement santé mais encore rien ne m'arriverait jamais ; il me lia à un esprit d'une puissance dont vous n'avez pas idée. Mais cela, c'est une autre histoire.

En fait, quand j'ai commencé ce billet, je voulais vous parler d'immigration. Quand j'entends les gens parler, mal parler d'immigration, j'ai envie de les frapper. 

Parde qu'en réalité, l'asile, vous le leur devez.

Ils l'ont payé, et cher, ce droit d'asile que vous leur dédaignez avec tant d'obstination.

Pourquoi ? 

Mais parce que ça faite des siècles que vous l'exploitez, l'Afrique.

Vous le leur devez leur asile en France, messieurs-dames, parce que des gens comme mon père ont éhontément exploité leurs ressources pendant des décennies. Et quand l'exploitation n'est devenue « plus assez rentable », on est partis. 

Sans retourner. 

Et surtout sans rien dépolluer.

Vous savez à quoi ressemble ce qui étaient des mangroves poissonneuses qui nourrissaient des milliers de personnes, avant qu'on vienne y balancer des boues rouges toxiques pendant des décennies ?

A ça.

"sourece : https://www.lexpress.fr/monde/afrique/guinee-l-exploitation-de-la-bauxite-une-malediction-pour-la-population_2118878.html

La "malédiction" de la bauxite

Or rouge. Ce pays d'Afrique de l'ouest profite de la plus grosse réserve mondiale de ce minerai, dont on tire l'aluminium. Mais la production de ce minerai cause de graves atteintes aux droits humains et à l'environnement.

Sidy Yansané

Publié le 24/02/2020 à 16:00, mis à jour le 26/02/2020 à 19:04

"L'État guinéen n'est plus en mesure de réglementer correctement cette activité en plein boom", estime Jim Wormington, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest à Human Rights Watch.

GEORGES GOBET/AFP

La Guinée peut-elle conjurer la "malédiction des ressources naturelles" ? Comme beaucoup d'autres pays du continent, ce "petit" pays d'Afrique de l'Ouest semble plus pâtir de sa richesse en matières premières qu'en tirer profit : exploitation hors de contrôle, dégâts humains et environnementaux... À tel point que le président Alpha Condé, dont le second mandat arrive à terme en novembre prochain, a un jour qualifié la situation de "scandale géologique, dont les ressources n'ont jamais profité à la population".


Et pourtant... En plus d'énormes ressources en minerais et matières précieuses (fer, or, diamants...), le sous-sol de Guinée-Conakry (classée au 174e rang mondial, sur 189 pays, pour son indice de développement humain) regorge (payez le site pour avoir la suite de l'article)"

 


Vous avez détruit leur pays, leur vie, leur avenir pour quelques points de PIB.

 

Les rails que mon père a fait construire pour le consortium, avec les loco d'époque... O_o

Alors quand vous êtes tentés d'accuser les migrants de tous les maux, à commencer par ôter le pain de la bouche des français, en passant par le viol de vos enfants que vous êtes les premiers à sodomiser... 

Rappelez-vous. 

Rappelez-vous que vous avez commencé par leur voler leur jeunesse pour avoir des esclaves capables de résister à vos mauvais traitements et vos maladies dans vos plantations de sucre, de chocolat et de café.

Rappelez-vous que vous avez ensuite conquis leur territoires sous prétexte de leur apporter une civilisation dont ils n'ont jamais vu la couleur tout au long de votre hégémonie en territoire arbitrairement décidé vôtre, tout ça pour vous donner des débouchés pour votre commerce, des matières premières pour vos industries, de l'emploi pour vos ouvriers...

Rappelez-vous qu'après qu'ils aient obtenu leurs indépendances, vous avez corrompu leurs gouvernements successifs, quitte à mettre en place des gouvernements acceptant de signer vos contrats pour exploiter leurs richesses minières...

Rappelez-vous que quand c'est devenu trop cher à exploiter, vous vous êtes lâchement barrés sans rien dépolluer, laissant derrière vous un champ de ruine qui actuellement les affame.  

GUINÉE : Réseau environnement bauxite élabore son plan pour protéger la biodiversité

Par Jean Marie Takouleu - Publié le / Modifié le

Mine de bauxite. © Shutterstock

Six entreprises exerçant dans la région minière de Boké, à l’ouest de la Guinée, se sont regroupées le 22 mai 2018 pour créer le Réseau environnement bauxite (REB). Mise en place sous l’égide de la Chambre des mines de Guinée (CMG), l’objectif du REB est de mieux gérer les impacts cumulés de l’exploitation minière sur la biodiversité. Pour ce faire, le réseau s’est entouré des conseils et de l’expertise du bureau d’étude Biotope afin d’élaborer concrètement son plan d’action.

La bauxite, pilier actuel de la croissance guinéenne, est essentiellement extraite dans la région de Boké, à l’ouest de la Guinée. Pour le meilleur et (parfois) pour le pire. Car les impacts environnementaux peuvent être ravageurs. Or, c’est justement pour mieux gérer ces impacts sur la biodiversité que, à l’initiative de la CBG (Compagnie de Bauxites de Guinée) et de la GAC (Guinea Alumina Corporation) en février 2018 et sous l’égide de la Chambre des mines de Guinée (CMG), six entreprises minières (sur les quatorze opérant dans la région) se sont donné la main pour créer, le 22 mai 2018, le Réseau environnement bauxite (REB). L’initiative est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’une première guinéenne qui, si elle tient toutes ses promesses et comporte des garanties sérieuses, pourrait préfigurer une toute nouvelle manière d’exploiter ce minerai qui est à la base de toute la production d’aluminium.

Pour la Guinée, l’enjeu est vital

Troisième plus gros producteur mondial de bauxite, avec un tiers des réserves mondiales prouvées, le minerai rouge de la région de Boké attire les Australiens, les Britanniques, les Émiratis, les Français, les Indiens, les Russes et surtout… les Chinois. Depuis que, pour des raisons environnementales et sanitaires, l’Indonésie, en 2014, puis la Malaisie, en 2016, ont interrompu leurs exportations de bauxite vers la Chine (premier consommateur d’aluminium de la planète) la Guinée est devenue son principal fournisseur. En quelques années la production de bauxite du pays a explosé. Rien qu’en 2017, elle a augmenté de près de 40 %, passant à 43 millions de tonnes. Et le président, Alpha Condé, ne compte pas en rester là : il a décidé de fonder les ambitions de développement du pays sur l’extraction du minerai rouge. L’objectif immédiat est d’atteindre la production 60 millions de tonnes de bauxite d’ici 2020. Dans sa tentative de structurer l’activité au bénéfice du pays et éviter une nouvelle « malédiction des ressources », le gouvernement a mené avec un certain succès une refonte du code minier en 2011 et tente de développer localement la production d’alumine et même d’aluminium qui pourrait offrir une vraie valeur ajoutée et entraîner un surcroît d’emploi, peut-être à même de calmer la contestation des populations locales qui s’estiment lésées dans le partage des richesses. Reste donc la question environnementale qui risque de freiner ces grands desseins, surtout pour un pays qui affichait des ambitions exemplaires au moment de la COP-CBD (Convention on Biological Diversity).

Timbre "Bauxite en Guinée". © Shutterstock

Car les impacts environnementaux de l’extraction du minerai rouge sont lourds. Lors du drainage rocheux, les déchets dégagés à l’extérieur des mines produisent de l’acide sulfurique au contact de l’eau et de l’air. Et, pendant la saison des pluies, les polluants contenus dans la fameuse poussière rouge s’infiltrent dans les sols lessivés, se déplacent et peuvent alors rejoindre les nappes phréatiques ou les cours d’eau. La vie terrestre et aquatique s’en trouve très fortement impactée, car l’eau est alors polluée par différents métaux comme la bauxite, mais aussi l’arsenic, le plomb, le cuivre, le cobalt, le zinc ou encore l’argent.

Gestion de l’impact environnemental de l’exploitation minière

Dès lors, on comprend mieux l’importance cruciale pour le pays de cette journée du 22 mai 2018. Ce jour-là, les entreprises minières de la région de Boké se sont réunies sous l’égide de la CMG, mais aussi du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), pour une conférence-débat, à l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité célébrée chaque année à cette date. À l’issue de cette manifestation, les plus gros exploitants, Guinea Alumina Corporation (GAC), Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), Alliance Mining Comodities (AMC), Alliance Minière Responsable (AMR), Société Minière de Boké (SMB), et Alufer ont annoncé leur initiative en faveur de la biodiversité.

Ces entreprises, réunies au sein du Réseau environnement bauxite (REB), se sont engagées à se coordonner pour mieux gérer leurs impacts sur leur environnement naturel. Elles veulent troquer leur costume de perturbateur de la biodiversité pour endosser celui de protecteur, à travers ce tout nouveau réseau. Ce regroupement doit permettre à chacun de mieux avancer vers « un développement minier responsable et inclusif ». La création du REB a fait l’objet de la signature d’un protocole qui précise l’obligation faite aux exploitants miniers de collaborer entre eux pour réduire les impacts cumulatifs de l’activité minière à Boké. Ceux-ci se sont également engagés à un changement de pratique au niveau de la planification communautaire de la gestion des terres et des ressources naturelles. Pour ce faire, les populations locales devraient à l’avenir être davantage consultées et impliquées au moment de la réalisation des études d’impact environnemental des activités minières.

Les priorités du REB

Le REB a choisi de se fixer certaines priorités, notamment le renforcement de la protection du milieu marin. Car la région minière de Boké est située à une cinquantaine de kilomètres de l’océan, relié notamment par des cours d’eau et des mangroves. Or ce dernier écosystème sert à protéger les côtes contre les agressions des tempêtes ou des cyclones, et la montée du niveau de la mer liée au réchauffement climatique. Notamment grâce aux racines émergées des arbres, les palétuviers, qui diminuent la force des vagues. Plus important encore, c’est dans ce milieu que de nombreuses espèces de poissons viennent se reproduire et assurer la croissance de leurs progénitures. Il devient donc impératif de protéger cet écosystème marin. Et sur ce point en particulier, le REB pourra compter sur le soutien du gouvernement guinéen.

Le réseau devrait également effectuer le suivi de l’érosion côtière, la biosurveillance des animaux marins et des « habitats critiques », ainsi que la réhabilitation des rizières endommagées par l’élévation du niveau de la mer.

À cela, il faut ajouter un volet formation, notamment celle d’écologues villageois. Ceux-ci devront effectuer la surveillance de la biodiversité et la gestion des ressources naturelles locales. L’autre activité préconisée dans le protocole d’entente signé entre les six entreprises minières est la création d’un corridor écologique et la plantation d’arbres qui serviront de sources d’énergie pour les communautés locales. Et, afin de donner corps à ces ambitions dans les meilleures conditions, le REB a fait appel aux spécialistes de l’entreprise Biotope.

L’apport de Biotope au travers du projet COMBO

Biotope est une entreprise spécialisée dans l’étude, la conservation et la valorisation de la biodiversité. Elle exerce cette activité en Europe, en Asie et en Afrique, notamment au Maroc, à Madagascar et au Gabon. Biotope est également présent en Guinée, où elle met en œuvre le projet Combo, financé par l’AFD, le FFEM et la fondation MAVA. Le projet se donne comme objectif de favoriser des meilleures pratiques pour concilier développement économique et conservation de la biodiversité et des services écosystémiques.  Ceci implique des échanges suivis avec les autorités gouvernementales (avec la formulation d’une Stratégie nationale en la matière), les entreprises (visant l’analyse des solutions les plus pertinentes à ce niveau) et les acteurs de la société civile, dont les ONG de conservation de la nature.

C’est donc à ce titre que Catherine André, responsable du projet Combo en Guinée, a participé et animé un panel à la conférence-débat du 22 mai 2018, qui a vu la création du REB. Mais l’action de Biotope va au-delà. Elle apporte son expertise pour conseiller le Réseau environnement bauxite dans l’élaboration de son plan d’actions. La première assemblée générale du REB a eu lieu à Boffa, chez AMR, le 28 aout 2018. Espérons que cette plateforme d’échanges et de collaboration sur les bonnes pratiques environnementales et de biodiversité, pour mieux atténuer les impacts cumulatifs des activités minières, génèrera des mesures concrètes et efficaces. Elle pourrait alors servir d’exemple sur le continent à d’autres activités qui cherchent à concilier environnement et économie.

Jean Marie Takouleu

Vous êtes TOUS, TOUTES responsables de leur venue en Europe. 

Bouclez-la, et accueillez-les. 

Et soyez heureux qu'ils ne soient pas vindicatifs à l'encontre de ce que vous avec eu le culot de leur faire subir sans vergogne pendant des centaines d'années, bande de... HUMAINS.

VOUS LEUR DEVEZ LE PRIX DU SANG

VOUS AVEZ ARRACHÉ LA CHAIR DE LEURS TERRES, VOUS L'AVEZ MÂCHOUILLÉE POUR EN TIRER LE MEILLEUR, POUR CONSTRUIRE VOS VILLES, VOS ÉCONOMIES, VIVRE A FOND LA CAISSE VOS TRENTE GLORIEUSES...

ET PUIS VOUS L'AVEZ RECRACHÉE, CETTE CHAIR, EMPOISONNÉE ET STÉRILE...

VOUS LEUR DEVEZ LE PRIX DU SANG.

SOYEZ AIMABLES ET ACCUEILLANTS AVEC EUX. PARCE QUE LE PRIX DU SANG, ILS ONT LA GRANDEUR D’ÂME DE NE PAS VOUS LE RÉCLAMER.

Mais t'as plus de sous pour finir le mois, mon amour...

 

Quand je sors Edwige, c'est que la faim du mois est difficile... Même ma belle pièce DDAY va devoir se sacrifier, avec Platon et Cervantès.

 M'en fous. 'Veux l'aider.

Mais vous n'êtes même pas du même bord politique...

M'en fous. C'est une femme comme moi. Solidarité.

Non, pas ta belle carte porte bonheur !


 SI. Elle va avoir besoin de plus de chance que moi, le 6 novembre 2024.


Mais puis que je te dis qu'elle en a rien à péter de ton soutien...

JE NE PEUX PAS LUI DEMANDER LE SIEN SI JE NE LUI ACCORDE PAS LE MIEN.

Puisse ce trèfle à quatre feuilles vous porter chance dans tous vos combats, ma Dame.


BON... ELLE A BESOIN DE SOUTIEN, LE 6 NOVEMBRE 2024. AUX LARMES, CITOYENS !!!!

 

C'était quoi déjà, son excuse, à Joël Guerriau... "Oui heu non... Je donne des drogues à mon chien dans des coupes de champagne pour lui faire oublier ses douleurs rhumatoïdales et j'ai oublié de lui donner, alors j'en ai fait bénéficié une chienne..." Toi mon pote... Présomption d'innocence ou pas, tu es dans notre colimateur. On va s'occuper de toi, mouhahahaha.

Petit interlude magiquement VERT

 

Le chêne et ses habitants, de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux, 1h07 de pur bonheur simple, qui nous rappelle que nos racines ne sont pas chrétiennes comme le voudraient certains glands, mais arboricoles... D'ailleurs comme le disait le philosophe, n'oublions pas que les hommes n'ont pas de racines, mais des pieds.

MAIS... MAIS... ILS NE SONT PAS PAYES POUR SIEGER ?!

A deux voix près... sans déconner.

 

Une manœuvre pour bâillonner L214 et les associations exposant les réalités de l’élevage intensif

Projet de loi de finances : L214 dénonce l’adoption révoltante de l’amendement Le Fur : une tentative de museler les lanceurs d’alerte qui révèlent la réalité de l’élevage et de l’abattage des animaux.

L214 exprime son indignation suite à l’adoption de l’amendement 1185 lors de l’examen de la loi de finances à l’Assemblée nationale ce vendredi 25 octobre. À seulement deux voix près (97 contre 95 voix), cette mesure a été adoptée, malgré son rejet initial en commission des finances. Déposé par plusieurs députés de la droite et d’Horizons et porté par Corentin Le Fur, cet amendement vise clairement à entraver le travail des associations de défense des animaux et à réduire au silence celles qui révèlent les conditions de vie des animaux dans les élevages et les souffrances qu’ils endurent dans les abattoirs. Marc Le Fur, père de Corentin Le Fur et ancien député, avait déjà été le porte-voix des amendements-bâillons dictés par la FNSEA ces dernières années, tentatives qui avaient jusqu’ici échoué.

L214 déplore l’absence de nombreux députés au moment du vote de cet amendement. Si certains partis – le Rassemblement national en tête, hostiles aux associations comme L214, ont soutenu la mesure sans surprise, d’autres partis, comme les Écologistes ou le Parti socialiste, étaient largement sous-représentés dans l’hémicycle malgré leurs engagements publics en faveur des lanceurs d’alerte : seulement 1 député sur 4 présent.

→ Lien vers l’amendement adopté


Une tentative délibérée de censure de L214

L’amendement adopté ce matin à l’Assemblée vise à pénaliser les associations d’intérêt général comme L214, en leur retirant la possibilité de délivrer des reçus fiscaux pour les dons si elles sont condamnées pour diffamation, intrusion, ou encore diffusion d’images sans consentement. Défendant son amendement en hémicycle, Corentin Le Fur a justifié cette mesure avec des arguments fallacieux, ciblant directement L214 et son travail d’information.

Derrière cet amendement se cache une stratégie : asphyxier économiquement les associations en les privant du soutien financier de leurs donateurs, et décourager le soutien public aux organisations qui documentent la souffrance des animaux.

→ Intervention de Corentin Le Fur (YouTube)


Une attaque brutale contre la liberté d’informer

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Cet amendement constitue une attaque directe contre la liberté d’informer sur les pratiques d’élevage intensif en France. L214 et d’autres associations jouent un rôle crucial pour révéler au grand jour les souffrances endurées par des millions d’animaux dans les élevages et abattoirs, souvent cachées aux yeux du public. En criminalisant leur action, cet amendement cherche à faire taire les lanceurs d’alerte et à protéger une industrie qui redoute la transparence. Cette tentative d’intimidation n’a pas sa place dans une démocratie où le droit d’informer et la liberté d’expression doivent primer. »

L214 continuera son travail d’information

Grâce à ses enquêtes et campagnes, des pratiques cruelles comme le broyage des poussins mâles ont été interdites, et des avancées significatives ont été obtenues contre certaines pratiques comme l’élevage des poules en cage. En 2016, 68 % des poules étaient encore élevées en cage ; elles ne sont plus que 23 % en 2023. Ses actions, soutenues par plus de 50 000 adhérents, saluées par de nombreux citoyens et personnalités publiques et politiques, contribuent concrètement à faire reculer la maltraitance des animaux.

Malgré cette tentative de censure, L214 réaffirme sa détermination à continuer son combat pour la défense des animaux et la transparence des pratiques d’élevage et d’abattage. L214 examine les voies de recours et continuera à porter la voix des animaux et de ceux qui défendent leur cause.

MIAAAAAOUUU, MIAOAUUUU, GRRRRRRRMIAOU !

 


mercredi 23 octobre 2024

A STUPID RHETORICAL QUESTION...

Questionnaire à Choix multiple POURQUOI A-T-IL AUTANT PLU CES DERNIERS MOIS :
1)Parce que je chante
2)Parce que chaque année où l'on passe de la Niña à el Niño, il pleut des trombes de flotte toute l'année, mais comme vous ne vous en êtes pas encore scientifiquement aperçu, cette réponse n'est pas valable
3)Parce que chaque année où l'activité solaire est particulièrement intense et des éruptions solaires de si forte intensité qu'elles sont visibles jusque sous nos latitudes, la climatologie de notre planète protège automatiquement son sol en se couvrant de nuages
4)Parce que vous êtes décidément et irrémé... diablement accros au pétrole, ce qui a initié la cinquième extinction de masse
5)Parce qu'un certain Tobby Rolland a publié en 2017 La dernière Licorne un page-turner dont vous n'avez pas compris l'objet alors que vous l'avez lu.


 ... 'CAUSE YOU ALREADY KNOW THE ANSWER



T_13 POUR 13_T


 

mardi 22 octobre 2024

Effacer la mère

Le plus long ressac de ma vie, c'est ma mère.

Elle va et elle vient, entre mes...
Oreilles.

Elle se retire, disparaît, et un instant je me sens mieux.

Et puis un objet m'éclabousse le regard, un dialogue fait tressaillir mon ouïe, quelques lignes de texte tombent sous mon sens, pas mon bon sens, le mauvais, celui qui voit le raz-de-marée venir ravager mes défenses, détruire ma fukushima, anéantir mon énergie, fracasser la plage ensablée de mes pensées.

Un souvenir me poignarde le cerveau, puis deux, puis trois puis...
Des pans entiers de mon enfance me reviennent, par spasme physiquement douloureux.

Si vous avez eu une mère qui vous a aimé, vous ne pouvez pas comprendre cette souffrance mentale qui devient physiologique, concrète, enflammant neurone par neurone, traçant sa route de soufre qui craque pétille et étincelle, craquelle, aiguille, fend sans merci, tout, le long de vos nerfs, du cerveau jusqu'aux extrémités de vos membres, jusqu'au bout de vos ongles, qui n'en ont pas pourtant, des nerfs.

Si vous avez eu une mère / un parent qui vous a repoussé, vous savez. Vous savez pourquoi vous devenez alcoolique, addicte,  colérique, fâché. Définitivement fâché. Contre monde, entier, que vous jugez, impitoyablement. Que vous voyez gris, entre gris clair et gris foncé, parce que ce mépris que vous avez initialement subi vous a privé de la vision des couleurs. Vous le voyez tel qu'il est, méchant, cruel, violent. Guerre Maladie Mort Incolore, vos quatre Cavaliers vous rattrapent constamment, chaque fois que vous entrevoyez la possibilité d'un arc-en-ciel, là-bas, ou ici, avant de vous rendre compte en marchant vers le météore qu'il recule à mesure que vous avancez. Pas de lutin à son pied, pas de pot d'or, pas de trésor... Il avance sous la pluie grise tandis que vous espérez en vain l'atteindre, et puis vous comprenez tout à coup que vous avez chassé une illusion. Une de plus. Une de trop.

Le ressac. Vous avez cru en avoir fini, et voilà que la douleur vous envahit, fibre par fibre, cellule par cellule, nerf par nerf, tétanisant vos muscles, paralysant votre vie sans vous laisser espérer aucune fin.

Et vous vous prenez à imaginez qu'un bon coup de marteau dans la tronche vous soulagerait.

Mais les marteaux ne soulagent que les Loups de Tex Avery.




Et le monde, vous ne pouvez le changer. Il reste tel qu'il est, pourri jusqu'à la nausée, vertige d'un précipice qui vous mène à ce mur, ce cul-de-sac, cette fin, la vôtre, la sienne...

Alors vous devenez fâché contre vous. Parce que vous êtes responsable de ne pas avoir correspondu aux attentes d'une femme qui vous a porté neuf mois en fondant les espoirs les plus insensés sur votre venue au monde.

J'ai été désirée à la folie par une femme que sa vie avait rendue cinglée, et elle n'attendait que d'être douchée par ses hormones pendant son accouchement pour passer de l'autre côté du miroir le pays où Alice manque par deux fois littéralement de rester, neurasthénique à jamais. 

Ma mère n'a pas fait un baby blues. 

Ma mère n'a pas fait une dépression post-partum. 

 Ma mère s'est effondrée sur elle-même dans une étoile achevant de mourir et est devenu un trou noir, absorbant l'amour qu'on lui portait pour le broyer et le rejeter à des parsecs d'elle-même.

Pourquoi ? Je n'étais pas le bébé dont elle avait rêvé.

Elle est transparente, ma mère. Cela m'amuse, parce qu'elle croit avoir habilement caché ce qu'elle a pensé de moi lorsqu'on m'a posée dans son giron la toute première fois en attribuant ses pensées à sa belle-mère, la mère de mon père. « Mais c'est une naine ! » se serait exclamé Mamie Beneciano en me voyant toute petite dans les bras de ma mère. En réalité, Mamie Beneciano ne s'est jamais déplacé de Toulon jusqu'à Bruxelles, lieu de ma naissance, pour venir dire cette phrase au chevet de la parturiente.

Trop loin. Sans même parler du fait que son fils lui avait désobéi une seconde fois en reniant de nouveau sa séfaratitude pour épouser une autre goy après avoir divorcé la première, autre sacrilège culturel. Pour ne rien dire du fait que son fils unique ne s'est pas contenté d'épouser coup sur coup deux goys... Nan. Ce mauvais fils a épousé la sœur aînée en premier, l'a abandonné elle et sa famille au beau milieu de nulle part pour s'enfuir avec sa secrétaire ; or cette aventure-là s'est avéré un cul-de-sac, une impasse sentimentale qui lui a coûté les yeux de la tête, à mon père, étant donné qu'il avait lâchement abandonné le domicile conjugal, permettant à ma tante d'obtenir un parfaitement légitime divorce pour faute... Et qu'à fait le mauvais fils de Mamie Beneciano après avoir divorcé de cette première goy ?! Il est allé chercher la cadette pour satisfaire ses fantasmes de famille...

Mamie n'a jamais dit : « mais c'est une naine ! » en me voyant si petite dans les bras en bers de ma mère. C'est cette dernière qui l'a cru. Et ça, je le sais, parce que ma génitrice m'a aussi raconté que le gynécologue belge qui l'a accouchée a dû lui démontrer que j'étais normale, même si j'étais le plus petit bébé né dans sa maternité... Pour lui, tout ce qui était petit était crop crop mignon, limite kawaïïïï shibaaaaaaah, et il paraît que de me voir lui a donné envie d'engendrer à son tour.

Ma mère regardait cette naine lui tétant entêtement le sein qu'elle aurait préférer lui refuser et...

Ben y a pas de SAV, quand votre bébé vous semble laid, difforme, moche...

Dommage pour moi.

Tant pis pour elle..

Plus je « grandissais » en restant petite et boulotte, brune malgré cette boule à zéro qu'elle proclame m'avoir vu garder mes trois premières années, avouant une jalousie à l'encontre d'une petite voisine dotée de magnifique anglaises blonde qu'elle aurait adoré coiffer, croit-elle, alors qu'après avoir elle-même renoncé à porter le cheveu long, elle m'a contraint à les couper de plus en plus court sous prétexte que j'avais une gueule de négro blanche, avec mes frisottis rebelles pas bels...

… Plus elle voyait une image miniature de mon père en moi, cet homme qu'elle a cru épouser par amour et qu'elle a fini par haïr avec autant de passion qu'elle avait mis à le séduire. Une image de petite juif juive séfarade qu'elle détestait inversement proportionnellement à ma courbe de croissance. « Ne me colle pas comme ça, voyons, tu n'es plus une enfant », « Tu aimes que je te coiffe et te fasse des tresses ? Parfait, coupons tes cheveux » « Oh allons, mais si tu peux le faire toute seule allons ! Tu sais marcher ? Et bien vas-y, marche, jusqu'à ta chambre et joues-y sans moi » « Tu n'as pas besoin de moi, tu es une petite femme ! »

En même temps, j'ai toujours eu un mal fou à comprendre comment elle espérait tirer d'une géniteur d'un mètre soixante, soixante-deux en talonnettes, brun, gros et "moche", une belle grande fille blonde d'un mètre 80, 90-60-90, aux jambes longues, aux yeux de biches qui serait digne de figurer dans les ELLE et les MARIE-CLAIRE auxquels elle était abonnée et qu'elle me collait sous le nez en me disant que moi, je ne ressemblerais jamais à ce genre de beaute, je  resterais petits grosse et moche, tout ma vie, un "éléphant de mer", selon l'expression favorite qu'elle employait pour me définir, avec tout le mépris qu'elle s'imaginait avoir le droit d'employer sur une gamine rebelle et pas belle...

Aujourd'hui, j'ai cinquante ans et ma mère ne vit plus à Saint Gildas des bois depuis le 14 mai 2018.

Je l'oublie, lentement mais sûrement, elle s'efface, de ma mémoire, de mes photos...

Christiane Maryse Jeanne et Jean-Hervé, crêperie du Guilvinec, photo prise par Fabienne, un restau où je n'ai pas été invitée par ma fratrie alors qu'on enterrait notre Géniteur, son Mari.

 
Et puis, en triant des livres au SPF, je tombe sur un livre...


 J'ouvre...

Je lis l'amoureuse dédicace d'une mère à son fils :

Pourquoi ma mère ne m'a-t-elle jamais encouragée avec quelques mots de ce genre ?
 

ET LE RAZ-DE-MARÉE M’INONDE, M’ANÉANTIT, ME DÉTRUIT...

OR MES LARMES N'ONT PLUS DE PRIX, MES AMIS...

RIEN NE RACHÈTERA JAMAIS CETTE LANCINANTE PEINE, QUI VA ET QUI VIENT, ET PLUS JAMAIS NE ME RETIENS DE VOUS HAÏR, TOUS SANS DISTINCTION, JUSQU'AU TOUT DERNIER D'ENTRE VOUS.

 

EDIT :

J'ai fait une découverte étonnante, à la Toussaint.

Le temps était bas et lourd, embrumé à l'instar de ma mémoire, et partout des gens allaient et venaient, affairés, leurs pots de cris-sans-thème en main, s'apostrophant "Hé toi, comment ça va ?" "Tu as vu la tombe du cousin ? Bidule est passé, elle est déjà fleurie...", "Vous venez bouffez à la maison ? Mais si venez, allez quoi, on se voit guère qu'une fois l'an..."

Toutes ces familles, ces liens se tissant sous mes yeux d'ostracisée, envieuse, malheureuse... Je me suis assise, et j'ai admiré. Toutes ces touches de couleurs jaune, roux, violet, rose, vert sur ces tombes grises, sous ce ciel si bas que son souffle humide perlait mes cheveux de larmes tendres...

C'était beau.

Mais c'était un poignard planté dans mon cœur.

Je n'avais aucune tombe à venir voir. Aucun mort dont me souvenir. Aucun lien avec ce bourg qui m'accueille depuis 2009, moi qui ne suis de nulle part...

Je suis repartie en traînant la patte.

Miséreuse.

Misérable.

Misere cordis...

Je n'ai su que faire de ma colère. Du gouffre qui venait de s'ouvrir sous mes pieds et dans lequel je commençais à choir, un gouffre sans fin, celui de l'amour que je n'ai jamais reçu, celui de l'amour que j'ai choisi de ne jamais donner parce que je n'en avais jamais reçu.

Dimanche, je ne savais plus faire de toute cette souffrance sans promesse de délivrance.

Alors...

Je me suis rappelée qu'on était Dimanche, et qu'il y avait parmi nous un être qui m'écouterait, parce que c'est sa fonction, d'écouter.

Pierre.

Je pensais l'embêter dix minutes, une fois son service achevé.

Finalement il m'a invité à rompre le pain avec lui, et j'ai enfin senti une goutte de chaleur irradier ce cœur de glace devenu trop lourd à porter.

Je l'ai laissé à ses tâches dominicales à 16h30, l'âme tellement plus légère.

Merci, Pierre.

Et puis lundi matin, je me suis rappelé d'une chose que ma mère a dite : "Les cendres de ta grand-mère sont au jardin du souvenir de Saint Gildas des bois". A 9h09 j'étais à la Mairie et je demandais à la patiente Adeline si c'était vrai. Elle a eu l'amabilité de chercher, et elle a trouvé :

La mère de ma mère a été domiciliée place Jeanne d'Arc. Elle est morte à Saint-Nazaire. Par contre je veux bien croire que ma mère a répandu ses cendres au Jardin du souvenir, seulement, radine comme elle l'est, elle a cru que ce serait un service payant et n'a pas demandé l'autorisation à la mairie de le faire : aucun officier d'état civil n'a assisté à son geste illégal. En conséquence de quoi, je n'ai pas le droit de faire apposer une plaque pour indiquer que Berthe ma grand-mère repose ici. 

Que j'ai un ancêtre dans ce village. 

Une racine. 

Un lien... 

Plus personne n'a ici le droit de me dire "rentre chez toi", moi qui n'en ai pas de chez moi, parce que mes parents se sont acharnés à ne m'en point donner.

Je suis gildasienne comme vous tous. Ma Grand-Mère est dans votre cimetière. Notre cimetière. En dépit de tous les efforts prodigués par ma génitrice pour l'effacer...

Je vois désormais que ma mère a eu le même problème à affronter avec sa mère que moi avec elle. Elle aussi a eu connu ce ressac qui ne vous laisse pas oublier à quel point vous avez été ignorée, parce que vous n'étiez pas le fil chéri d'amour... 

Berthe aimait Alain à la folie, ma mère aime Jean-Hervé jusqu'à l'empoisonner pour faire mine de le sauver...

Leurs autres gosses ne comptaient. Elles vous diront que si, bien sûr... Mais ce n'est pas vrai. Ma mère s'est barrée du jour (le dimanche 13 mai 2018, où elle m'a reçu dans son jardin pour me donner une SanSeveria cylindrique sensée représentée mon avenir) au lendemain, le lundi 14 mai 2018 : j'ai couru pour lui montrer la belle broche à la Vouivre que m'avait donné Marie pour me consoler, et j'ai trouvé porte close au 16 rue Gabriel Deshayes. Avec la fenêtre à côté de la porte sans rideau, volet ouvert, montrant que la maison était vide, totalement vide. Je n'avais plus de mère ; elle ne m'avait pas même laissé une adresse postale pour lui envoyer un carte, cette mégère inapprivoisable. Elle était partie en catimini, profitant de me savoir au SPF où je bénévolais en pleurant.

Ce n'est qu'après le choc de cet ostracisme indiscutable passé que j'ai compris pourquoi le jour de mon anniversaire, elle m'avait reçu dans le jardin, sans me faire passer par la maison... Celle-ci devait être pleine des cartons de déménagement que je ne devais surtout pas voir, parce qu'elle allait disparaître. A tout jamais. En me laissant ce ressac lancinant, qui ne cesserait jamais de me ronger...

Alors non, je ne lui pardonnerais pas. 

Jamais.

Mais maintenant chaque année je sais pourquoi je boite au printemps... Berthe la Boiteuse, née le 9 mars 1921 est décédée le 13 avril 2006.