lundi 6 janvier 2020

Meurtrier de Chêne

La chute de ce doux géant que j'aimais tant me donne l'occasion de vous montrer une pratique superstitieuse de sorcellerie locale, peu efficace pour l'homme, mais parfait pour tuer un arbre à petit feu...

Au sommet du Chêne abattu, j'ai découvert ceci :



Oui ce sont deux gros clous de charpentier rouillé plantés tout droit sur lui.

On peut faire remonter cette pratique à deux usages locaux qui montre parfaitement l'égoïsme de l'être humain...

Les rebouteux locaux ont eu la fâcheuse manie pendant des siècles (et probablement depuis l'invention du fer, -1100 ans avant JC dans le bassin méditerranée) d'utiliser des clous pour capter le mal de leur patients les plus gravement atteint dans des clous.

Ne me regardez pas comme ça, on a longtemps soigner les morsures de serpent à l'aide de pierres à poison, et pas seulement en Europe, comme j'ai eu l'occasion de m'en apercevoir en allant visiter l'expo Précieux poisons de l'Amazonie, cet été au Domaine de Lagarenne-Lemot, qu'il faudra que je vous un de ces quatre la mise à jour de ce que j'ai vécu de magique là-bas...

Un de mes livres de chevet, L'univers des guérisseurs traditionnels, panseurs de secrets et conjureurs de Dominique Camus, publié chez Ouest France :



explique fort bien la pratique dont peut avoir été victime mon cher chêne. Une fois la maladie de l'humain mourant capturée dans le clou, à grand renfort de prières à la Vierge, à Saint Chose et Saint Truc, le rebouteux va planter le clou dans un grand arbre saint et fort, un chêne si possible afin de le lui "passer" le mal pour que l'humain soigné en soit débarrassé. Naturellement, si l'arbre meurt, et bien ma foi l'humain est sauvé... Mais, tssse quoi merde : buter un arbre de 400 ou 500 juste pour qu'un pignouf destructeur de vie puisse se la péter quelques années de plus, ça ne montre qu'une chose réellement ; l'illusion que les humains entretiennent à propos d'eux-même en plus de l'irrespect qu'ils ont pour le vivant sensé avoir été mis à leur disposition pour qu'ils en fassent n'importe quoi.

La véritable raison qui tue l'arbre de toute façons dans ce cas là, n'est pas la maladie de l'humain, mais le clou lui-même ; je vous cite wikipédia :

Les blessures superficielles ou de petites tailles qui n'intéressent que l'écorce au sens botanique du terme ne sont pas trop dommageables pour l'arbre. Quelques espèces y sont quasiment insensibles, tel le chêne-liège qui peut être écorcé tous les sept ans.
Il n'en est pas de même pour les blessures profondes, celles qui atteignent le bois.
Dès les premières minutes, l'arbre réagit en activant son système de défense : il émet des tanins (Polyphénols), de la résine (pour les résineux) ou du latex (pour certaines espèces tropicales telles que hevea, ficus... ) pour limiter les agressions extérieures, champignons et bactéries en particulier. Les vaisseaux sont rapidement et naturellement obstrués par les thylles (Thyllose) ou par la production de gomme.
Des cellules peu spécialisées situées près du cambium déchiré vont se dédifférencier puis se diviser pour produire un « cal ».
Ce n'est qu'à l'intérieur de ce « cal » que l'« anneau cambial » va tenter de se reformer (au plus tôt le dixième jour en cas d'une blessure étroite et en pleine période d'activité mitotique). Ce néo-cambium produira du bois vers l'intérieur et du liber vers l'extérieur.
Parallèlement un néo-phellogène va s'initier dans les couches moins profondes, ceci protègera, la blessure en cours de cicatrisation, de la déshydratation.
Ce processus permet de comprendre la réussite des greffes végétales puisque « greffer » nécessite de « blesser » deux portions de végétaux jusqu'au cambium.

J'ai trouvé d'ailleurs à ce sujet une photo assez étonnante sur mon encyclopédie favorite :

2017 Inclusion d'un panneau stop cloué, avant 1971, sur un platane de La Genevraye en Seine et Marne

Il y a une autre pratique du plantage de clou dans les arbres, qui se répand dès la fin du XVIIIème siècle en Europe avec la popularisation des travaux de Benjamin Franklin sur la foudre... Les arbres formant un paratonnerre presque naturel de part leur haute taille susceptible d'attirer la foudre quand elle s'apprête à tomber, eh bien des hommes ont eu à cœur de protéger leurs biens et leurs vies pour pathétiques et minables qu'elles soient de la colère du ciel : ces empaffés n'ayant aucun respect pour rien, pas même eux-même plantaient des clous dans les arbres des villages dans l'espoir que la foudre s'en prenne à l'arbre plutôt qu'à eux, ce qui pourrait tout à fait être la raison pour laquelle mon pauvre arbre avait deux vilains clous de charpentier au sommet de son fut.

Quoiqu'il en soit, je ne puis m'empêcher de vous glisser ici en guise de conclusion quelques images issues de ma BD préférée, Les Compagnons du Crépuscule de François Bourgeon :



Rougie du sang des sacrifices, ou du fer qu'on y a planté, Montroy en proie à la cupidité et la stupidité finit  dans une apocalypse de feu...

Songez-y, à chaque qu'un arbre tombe sous vos coups imbéciles.




Paris brule-t-il ?
« L'Australie sacrifie de plus en plus l'environnement au profit de l'économie » : David Camroux, chercheur franco-australien à Sciences Po, analyse les nombreux reculs pour l'environnement depuis l'arrivée au pouvoir du conservateur Tony Abbott.

Comment il avait dit, l'autre type, dont vous êtes sensés suivre religieusement les enseignements ?... Ah oui : "vous serez punis par où vous avez péché"...

Ben vous avez tout gagné, les gars :


>>> C'est assez ! C'est assez ! 
Sauvez les Cétacés !

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